Attendus à l’université : quels enjeux pour les formations scientifiques ?

Mardi 12 décembre, le Gouvernement a élaboré un cadrage national définissant les attendus à l’entrée des filières universitaires suite à l’annonce du Plan Etudiants par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation le 30 octobre dernier. Ceux-ci ont pour objectif d’améliorer l’orientation des jeunes bachelier.ère.s à l’entrée de l’université, en explicitant les compétences nécessaires à une bonne réussite dans chaque mention de licence. La FNEB, Fédération Nationale des Etudiants en sciences exactes, naturelles et techniques, et l’AFNEUS, Association Fédérative Nationale des Étudiants Universitaires en Sciences, Techniques et Ingénierie ont pris connaissance de ces éléments, et veilleront à ce que ces attendus restent des indicateurs incitatifs les plus complets possibles pour accompagner l’orientation des lycéen·ne·s.

Concernant les filières scientifiques, quatre attendus ont pu être définis. Un·e lycéen·ne souhaitant intégrer une formation scientifique après l’obtention du Baccalauréat devra posséder des compétences scientifiques, en communication, méthodologiques et « comportementales », et enfin, devra maîtriser les compétences disciplinaires de la mention envisagée.

Ces attendus soulignent l’importance des savoirs scientifiques et disciplinaires. Néanmoins, les compétences transdisciplinaires et transversales ont également toute leur importance dans l’explicitation de ces attendus, et nécessitent d’être travaillées plus en profondeur.

Le manque d’articulation entre le secondaire et l’Enseignement Supérieur doit être considéré dans son ensemble. ll est délicat d’évaluer la pertinence d’une candidature en licence d’Informatique, alors que cette matière n’est pas enseignée dans la totalité des troncs communs du secondaire. Il n’est pas non plus pertinent de définir les mêmes attendus pour les mentions regroupées dans le secondaire, mais distinctes dans le supérieur. C’est le cas notamment pour les mentions de Physique et de Chimie, et de Sciences de la vie et Sciences de la Terre. L’Enseignement doit s’exprimer à travers des formations personnalisées et modulables, correspondantes aux projets d’orientation et projets professionnels des étudiant·e·s. L’orientation et la mise en valeur des compétences chez les jeunes peuvent être améliorées en combinant des outils de perception de la formation et de la pédagogie, tels que le développement de l’approche par programme et de l’approche par compétences, s’inscrivant dans le processus de Bologne.

L’attention se tourne à présent vers les séquences de remise à niveau qui seront proposées aux néo-entrant·e·s si ces dernier·ère·s ne rentrent pas dans le cadre défini par ces attendus, mais également s’ils·elles ne reçoivent aucune proposition d’admission. Le projet de loi actuel ne fait nullement référence au cas où l’étudiant·e refuserait la proposition de l’établissement concernant cet accompagnement. L’analogie apparente avec la réforme Master appliquée à la rentrée 2017 nous invite à espérer que les dysfonctionnements de cette réforme n’apparaissent pas dans le processus d’admission des futur·e·s étudiant·e·s à l’université. Le travail des Universités sur ce sujet sera déterminant, en vue de ne pas assimiler ce processus à une quelconque forme de sélection qui semble être au coeur des débats actuels. Aucun·e d’entre eux·elles ne doit se retrouver pénalisé·e dans sa réussite universitaire, et chacun·e doit être libre de choisir sa formation, sans qu’elle ne lui soit imposée par l’Académie.

Il en va de même concernant l’accès aux formations universitaires. L’accès prioritaire aux bachelier·ère·s ayant obtenu les meilleurs résultats au Baccalauréat n’est en aucun cas le reflet de la réussite pour tou·te·s. Les Baccalauréats scientifiques ne sont actuellement pas représentatifs du niveau de l’Enseignement Supérieur, et la réussite dans le secondaire n’engendre pas nécessairement une réussite dans le premier cycle. L’université se doit d’être accessible à tou·te·s et non élitiste, en garantissant les droits d’études de chacun·e.

Il est important de maintenir une cohérence nationale dans l’explicitation de ces attendus, tout en conservant les spécificités locales de chaque Université. Nos deux structures tiennent à souligner le souhait et la nécessité d’un travail commun entre tou·te·s les acteur·trice·s scientifiques, dans l’optique d’une définition claire, précise et juste des particularités des formations scientifiques du Supérieur, mais également dans le travail d’orientation des futur·e·s étudiant·e·s.